Le Compositeur

Couvé par Tonton Ray et Paul Misraki, guidé par Henri Salvador , pianiste de formation, guitariste par goût, la composition a toujours fait partie des intérêts majeurs de Sacha Distel. Qu’il s’agisse d’une bluette de circonstance, d’un tube en puissance ou d’un titre ambitieux, celui qui avait appris son métier avec les Collégiens, dans le giron de Bruno Coquatrix, ne laissait rien au hasard. Une « belle vie », ça se construit…

Il ne faut pas s’arrêter aux évidences. C’est vrai qu’il a souvent donné l’impression d’être né avec une cuillère en argent dans la bouche. C’est aussi vrai qu’il a souvent donné celle d’une insolente facilité. Sacha n’en a pas moins beaucoup travaillé pour faire croire que tout était naturel ! Certes, il était entouré et conseillé : mais des leçons de piano imposées par une Andrée à la rigueur implacable à l’orchestre de Ray Ventura, Sacha a été à dure école. Suffisamment pour pouvoir très vite voler de ses propres ailes et composer ainsi facilement ce qui lui passait par la tête. Le jazz bien sûr mais aussi très vite la chanson. Et avec quelle réussite !

En 1963, « The Good Life »

Sacha compositeur... au piano (Tous droits réservés)

Cette Chanson, sa chanson « The Good Life » sera nommée comme chanson de l’année aux USA par la prestigieuse National Academy of Recording Arts And Sciences. Une façon pour les Américains de reconnaître le talent d’un des très rares Français à s’être imposés aux USA. D’ailleurs, nombres d’artistes, dans tous les genres de musique, feront leur miel de « la belle vie » en anglais dans le texte : Sammy Davis Jr, Pétula Clark, Julie London, Frank Sinatra, Dionne Warwick, Tony Bennett… En tout près de 400 versions, c’est dire…

Mais le talent de compositeur de Sacha ne s’arrêtait pas à quelques hits single. A l’instar de Paul Misraki, l’un de ses généreux parrains, il composera aussi des musiques de films : celles des « Les Mordus » de René Jolivet dans lequel il joue aussi, celle du sketch « L’orgueil » de Roger Vadim dans le film « Les 7 pêchers capitaux », celle de « Samedi soir » de Yannick Andreï. En 1971, il signera aussi celle de « The Good Life », une série américaine tirée de sa chanson !

2003, le Grand Prix SACEM

A gauche : Quincy (Jones), l’un de mes plus chers amis (Copyright Gérard SCHACHMES / REGARDS)
A droite : Avec Tony (Bennett), c’est toujours "La belle vie" ! (1972 - Copyright Kent GAVIN / DAILY MIRROR)

En 2003, un an avant sa disparition, le Grand Prix SACEM (créateur - interprète) sera remis à Sacha pour l’ensemble de son œuvre et sa contribution à la chanson française. C’est cette même année que sortira son dernier album « En vers et contre vous », enregistrement dans lequel, dégagé de toute pression, il nous offrira quelques-unes de ses plus envoutantes mélodies. Malheureusement les dernières.

Eric Jean Jean

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